François Lelong

Thérianthropes

Dans son essai « Portrait de l’homme en animal », Amélie Bonnet Balazut observe que dans l’art préhistorique « les représentations humaines subissent une véritable métamorphose. Car nombre d’entre elles ne sont qu’à moitié humaines et recouvrent aussi bien des traits d’animaux que des traits humains. Ces êtres hybrides mi-hommes mi-animaux, appelés thérianthropes par les préhistoriens, constituent même la majorité des représentations humaines connues dans l’art pariétal préhistorique » ../.. « Elles sont, par delà toute vraisemblance, ce que l’homme est et pourtant n’est pas, un animal en même temps qu’un homme et un homme en même temps qu’un animal. Non contentes de ne pas être l’objet de l’attention et du soin figuratif que connaissent les figures animales, les rares représentations humaines apparaissent ainsi le plus souvent privées de leur véritable nature humaine pour composer avec celle de l’animal. Si exaltation il y a ce n’est en aucun cas celle de l’action humaine, au demeurant inexistante, mais plutôt celle de la vitalité animale, comme si l’animalité incarnait bien davantage que la seule réalité que nous lui connaissons aujourd’hui. De sorte qu’en définitive, c’est bien plutôt l’animalité en l’homme, ou « l’humanité animale » de l’homme qui concentre l’essentiel du propos. Une duplicité qui, pour Georges Bataille, se définit comme le paradoxe de l’homme paré du prestige de la bête : Avec une sorte de bonheur imprévu, ces hommes de Lascaux rendirent sensible le fait qu’étant des hommes ils nous ressemblaient, mais ils l’ont fait en nous laissant l’image de l’animalité qu’ils quittaient. Comme s’ils avaient dû parer un prestige naissant de la grâce animale qu’ils avaient perdue. ».


La thérianthropie est commune à de nombreuses cultures, à travers la géographie et l’histoire : chamanisme, mythologies antiques, bestiaires médiévaux, lycanthropie, etc.

Bois de cervidés - H : 37 cm - Octobre 2020

Branches de charme et lichens divers sur structure bois surmodelée - H : 1,46 m - Octobre 2020

Bois, herbe, ramure de renne - H : 109 cm × L : 67 cm × P : 57 cm - Islande - Avril 2019

Bois de renne, chêne, hêtre, ciment, fibres et résines végétales, matières organiques diverses - H : 2,40 m - Octobre 2018

Elk centaurAcier - Parc de sculptures de Stevens Point (Wisconsin / USA) - Hauteur : 285 cm / Largeur : 80 cm / Longueur : 170 cm - octobre 2017

Partenariats :
Stevens Point Sculpture Park
University of Wisconsin, Stevens Point, Department of Art and Design
Community Foundation of Central Wisconsin
Parks, Recreation & Forestry department / Stevens Point

Historiquement répandu dans une bonne partie de l’Amérique du Nord, le wapiti (Cervus elaphus canadensis, une sous-espèce du cerf élaphe) a disparu du Wisconsin et d’autres régions, en raison de la surchasse et du recul de son habitat naturel. Après une tentative infructueuse de réintroduction dans les années 1930, le wapiti recolonise doucement ses aires d’origine. L’Université du Wisconsin aura été active dans la réintroduction du Wapiti des Montagnes Rocheuses (Cervus elaphus nelsoni), dont les hardes recommencent à se développer progressivement.
Dans de nombreuses cultures amérindiennes, le wapiti était un symbole de force et de courage. Les dents, la peau et le cuir entraient dans la fabrication de vêtements, de couvertures et de capes.
Cette sculpture, un hybride d’homme et de wapiti, tente de trouver sa place dans cette longue histoire de relations entre deux espèces.

Cervus sapiensCrâne de cerf, éclats de bois (chêne et hêtre), résines, pâtes à bois, colles organiques, pigments - H : 56 cm - Avril 2016

Homo tarandusAndouillers de renne, moulage de crâne humain (résine végétale), colles organiques, pigments - H : 45 cm - Avril 2016